Pekka, chanson pop
Déjà sur son premier EP, Les Amours-Parenthèses, paru en 2018, Pekka impressionnait par sa faculté à dépeindre la vie d’une trentenaire avec un humour dévastateur et un sens aigu du poids des mots. Elle livre ici un premier album, qui plante malicieusement le décor de son univers. Si l’artiste se place clairement du côté de la chanson pop, la Martiniquaise revenue vivre dans l’hexagone n’en oublie pas moins ses racines caribéennes. En filigrane tout au long de Sugar Sugar, son ADN musical se déroule avec fluidité, tant mélodiquement que rythmiquement, et dévoile sa musicalité espiègle aux mélodies sucrées.
L’album regroupe son premier EP, et six nouveaux titres enregistrés sous l’égide de Julien Chirol dans les studios Music Unit de Montreuil. Et ce qui frappe d’emblée, c’est ce groove antillais surfant sur un phrasé chanson pop à la tessiture chatoyante. C’est avec ce réalisateur, qui a notamment travaillé pour Feist, Micky Green, Camille, et sur les prochains albums de Renaud, Bénabar ou Alain Souchon, que Pekka a su s’épanouir, dans un climat de totale liberté qui lui était nécessaire.
En résulte un album riche en émotions, sensuel et drôle, intense, dense et pourtant si gracile. Pekka y chante les aléas de la vie d’une jeune femme : l’amour, le sexe, la vie rêvée qui trop souvent n’est pas conforme à la réalité du vécu. Et c’est avec une ironie et une habileté dans la dérision qu’elle dédramatise à merveille ces états d’âme. « Ma Solitude et Moi » en est un des exemples très parlant du disque, ou quand la chanteuse évite brillamment les écueils en utilisant la finesse et l’humour comme arme de séduction massive.
Guitares sautillantes, cuivres chaleureux et rythmiques frétillantes donnent le ton de la pop ensoleillée de Pekka. Si les sujets abordés sont ici souvent profonds, la forme qu’elle leur donne permet de les penser de manière neuve et émouvante. Cette amoureuse des mots jongle ainsi entre la gravité des sentiments et la légèreté qu’il faut leur insuffler pour les supporter. Sugar Sugar est un premier album acidulé, hédoniste, impertinent, et révèle une artiste qui vient titiller nos émotions avec une fraicheur absolument réjouissante.